Crypto : Dans la famille Hemsworth, je voudrais Luke, le frère
Des frères Davies (The Kinks) aux frères Reid (The Jesus and Mary Chain) en passant par les frères Gallagher (Oasis), le monde du rock est connu pour ses histoires de guerres entre frères. Chez les réalisateurs, on constate l'inverse : s'affranchissant des batailles d'ego, les frères fonctionnent en binôme de façon harmonieuse. Citons-en quelques-uns : les frères Taviani, les frères Coen, les frères Larrieu, les frères Wachowski (devenus sœurs), ou encore les frères Dardenne – les frères aux deux Palmes d'or (pour Rosetta en 1999 et L'Enfant en 2005), ce qui, si les comptes sont exacts, donne une Palme chacun.
Chez les cinéastes, la fratrie représente une sorte de marque de fabrique. Quand l'un des deux part en solo, la différence est parfois notable. Prenons un cas tout à fait récent : Peter Farrelly. Alors qu'il est connu pour ses comédies potaches mises en scène avec son frère Bobby, Peter réalise en solo Green Book : Sur les routes du sud (2019), un road movie sur la ségrégation raciale. Résultat : Oscar du Meilleur film 2019 – qu'il n'a pas à partager avec son frère.

Du côté des acteurs, il peut y avoir de grandes inégalités en terme de notoriété. Prenons la famille Baldwin. Si Alec Baldwin ne cesse de tourner depuis les années 80, Stephen, William et Daniel ne reçoivent depuis un certain temps que très peu de propositions de la part du cinéma. Les frères enchaînent alors les rôles pour la télévision ou dans des direct-to-video et apparaissent dans diverses émissions de télé-réalité.
Chez les Affleck, c'est encore une autre pair de manche. Ben Affleck a connu le succès dès 1997 grâce à Gus Van Sant avec Will Hunting – dans lequel son frère apparaît. À partir de là, Ben a enchaîné les premiers rôles, notamment dans des blockbusters. Casey Affleck doit lui aussi un grand rôle à Gus Van Sant dans Gerry (2002), long-métrage plus expérimental que Will Hunting et, par conséquent, moins grand public. En fait, c'est surtout à partir de 2007, soit dix ans après son frère, que Casey se fait vraiment connaître avec L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (Andrew Dominik) et Gone Baby Gone, le premier film réalisé par... Ben Affleck.
Enfin, si les frères Andrew, Luke et Owen Wilson ont beaucoup tourné ensemble, de Zoolander (Ben Stiller, 2002) à La Famille Tenenbaum (Wes Anderson, 2002), Owen fait tout de même un peu d'ombre à ses frères, en étant au devant de l'affiche bien plus souvent qu'eux.

Chez les Hemsworth, c'est Luke qui se trouve dans l'ombre de ses frères. Le patronyme Hemsworth est connu mais précédé par le prénom Chris (devenu une superstar après la saga Thor) ou Liam (connu notamment pour la saga Hunger Games). Pendant que son petit frère joue au héros, Luke doit se contenter d'un caméo (au passage, même pas crédité) dans Thor : Ragnarok (Taika Waititi, 2017).
Ironiquement, dans le Crypto (John Stalberg Jr., 2019), il est aussi question de fratrie. Martin (Beau Knapp), spécialiste et analyste de l'anti-blanchiment d'argent, enquête sur une affaire de fraude et de corruption dans sa ville natale, où son père (Kurt Russel) et son frère luttent pour conserver la ferme familiale. Luke Hemsworth y joue le frère de Beau Knapp, le personnage principal. Son rôle – bien que secondaire – est cette fois-ci de la plus haute importance. Il lui permet enfin de briller, comme ses frères.
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