Le Dindon, quand Jalil Lespert adapte Georges Feydeau
C'est incontestable : les pièces de théâtre adaptées au cinéma représentent une occasion en or de réviser ses classiques. Et les mettre en scène constitue souvent, pour le réalisateur, une manière de les remettre à l'ordre du jour. C'est le cas du film LE DINDON, la célèbre pièce de Georges Feydeau, dont la première représentation remonte à 1896 et qui se déroule ici dans les années 1960.
LE DINDON est aussi l'occasion pour Jalil Lespert de changer totalement de registre en se prêtant à l'exercice de la comédie, lui qui est plutôt habitué en tant qu'acteur à des rôles « physiques », et en tant que réalisateur au biopic (YVES SAINT-LAURENT, 2014) et au thriller (IRIS, 2016). Ici, Guillaume Galliene - de la Comédie Française, rappelons-le – l'a épaulé pour l'écriture des dialogues, en plus d'interpréter Monsieur Pontagnac. C'est d'ailleurs sur ce dernier que repose l'intrigue puisqu'il tombe amoureux de Victoire, la femme de l'un de ses amis. Le reste du casting quant à lui promet le divertissement : Dany Boon, Alice Pol, Ahmed Sylla, Laure Calamy et Camille Lellouche.

Elles sont nombreuses les comédies jouées sur les planches puis adaptées au cinéma à connaître un franc succès. Citons LE PERE NOEL EST UNE ORDURE, crée par l'équipe du Splendid en 1979 et portée à l'écran par Jean-Marie Poiré en 1982. Les deux versions sont aussi cultes que populaires. D'ailleurs, le père de Jean-Marie Poiré, Alain Poiré, n'est autre que le metteur en scène de la pièce LA CAGE AUX FOLLES, devenu là encore un grand succès au cinéma (réalisé par Édouard Molinaro en 1978).
Chez les réalisateurs, on peut mentionner Francis Veber qui alterne les vaudevilles sur les planches et au cinéma, allant parfois jusqu'à adapter lui-même ses propres pièces comme LE DÎNER DE CONS (en 1993). Le version cinématographique a connu un succès au théâtre puis en salles (en 1998). A l'inverse, LE PLACARD (2002) a d'abord été applaudi au cinéma et son succès l'a propulsé dans les salles de théâtre plusieurs années plus tard (en 2014), de façon à prolonger à le plaisir des spectateurs.

Entre le théâtre et le cinéma, ce qui fait la différence, ce sont parfois les comédiens/acteurs. Prenons le cas d'UNE HEURE DE TRANQUILITE. Ecrit par Florian Zeller et très inspiré de Georges Feydeau, la pièce de théâtre (datant de 2013) met en scène Fabrice Luchini. Dans la version cinéma de Patrice Leconte (2014), c'est Christian Clavier qui est débordé par la situation. Deux acteurs, deux registres : en tout cas deux tempéraments forts du cinéma français.
Plus globalement, il faut aussi prendre en compte qu'il y en a qui préfèrent le théâtre, plus « vivant », ou alors le format cinématographique – quand d'autres apprécient les deux. Quand on parle de « théâtre filmé », il s'agit pas forcément d'un compliment ; on espère d'une adaptation théâtrale une mise en scène et une ambiance que seul le cinéma peut offrir. LE PRENOM en 2012 mis en scène (au théâtre comme au cinéma) par le duo Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière a su trouver le rythme idéal de cinéma (montage, jeux des acteurs...) pour que la pièce originelle fonctionne comme une comédie à part entière. Exactement comme LE DINDON de Jali Lespert.
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