MISS RÉVOLUTION, le combat féministe sur le ton du feel good movie
Avec MISS RÉVOLUTION (Philippa Lowthorpe, 2020), nous voici propulsés en Angleterre en 1970. La préparation du concours Miss Monde semble bien se dérouler pour Eric Morley (Rhys Ifans), fondateur de la compétition, et son complice Bob Hope (Greg Kinnear), acteur et humoriste clairement misogyne. Jusqu'à ce que le MLF (Mouvement de Libération des Femmes) vienne saboter l'émission en direct... À la tête du groupe féministe, Sally Alexander (Keira Knightley) et Jo Robinson (Jesse Buckley), deux femmes qui ont la même conviction : celle de dénoncer avec des actes ce programme qu'elles jugent sexiste.
« Nous ne sommes pas belles, nous ne sommes pas moches : Nous sommes en colère » clament-elle. Et la réalisatrice britannique Philippa Lowthorpe de nous plonger dans cette période de revendications féministes. Pour reprendre le titre MISS RÉVOLUTION, il s'agit ici qui plus est d'une double révolution. En effet, le film revient aussi sur la première Miss Monde Noire alias Miss Grenada (interprétée par Gugu Mbatha-Raw) inspirée par Jennifer Hosten, gagnante du concours en 1970. Cela apporte de la complexité au propos : d'un côté, des femmes stigmatisent ce concours pendant que d'autres y participent pour s'affranchir de leur condition sociale.

En plus de s'inspirer de la victoire de Jennifer Hosten, la première femme Noire à avoir été couronnée Miss, il faut savoir que l'histoire de MISS RÉVOLUTION renvoie à un épisode historique. C'était en 1971, en Belgique. L’activiste Danielle Colardyn s’était infiltrée dans ledit concours jusqu'à arriver en finale. Devant le jury, elle s'est mise à crier : « Non aux concours de beauté ! Nous ne sommes pas du bétail ! » pendant que dans la salle plusieurs de ses complices semaient le trouble et distribuaient des tracts au public.
MISS RÉVOLUTION s'inscrit donc dans la lignée de ces luttes historiques portées à l'écran. On pense au long-métrage LES SUFFRAGETTES (Sarah Gavron, 2015) qui aborde le combat pour le droit de vote des femmes dans l'Angleterre du début du XXème siècle. Pour prendre un autre exemple récent, citons PRIDE (Mattew Warcus, 2014), film dans lequel un groupe de gays et lesbiennes vient en aide à des mineurs gallois en grève sous le gouvernement Thatcher. Sur un ton léger, le film revient à la fois sur les droits des homosexuels et sur l'importance de la lutte féministe.

Aussi engagé soit-il, MISS RÉVOLUTION n'oublie pas l'humour, se situant ainsi dans la veine des comédies sociales anglaises. En plus d'apporter une touche de légèreté au militantisme, l'humour est aussi parfois une façon de dénoncer l'absurdité d'un système. À l'instar de PRIDE, MISS RÉVOLUTION devient grâce à cela un film grand public au sens où il peut toucher tout le monde. Contenant autant de colère que de bonne humeur, il appartient alors à un genre hybride que l'on pourrait appeler le feel good movie engagé.
Sous cet angle, et pour rester spécifiquement dans le cinéma anglais, le long-métrage qui se rapprocherait encore de MISS RÉVOLUTION serait WE WANT SEX EQUALITY (Nigel Cole, 2011), film sur les ouvrières des usines Ford qui remuent ciel et terre pour obtenir l'égalité des salaires à Londres en 1968. Ce titre, « Nous voulons l'égalité des sexes », pourrait être le slogan manifeste qui résume le mieux les luttes de ces femmes ainsi que ces films qui les relatent avec brio. Comme MISS RÉVOLUTION donc.
Miss Révolution (inédit en salles), disponible dès le 11/11 sur CANAL+