Quand le cinéma met en scène la Révolution française
Une cour oisive et inconséquente
Avant la Révolution, il y avait la vie de château, qui a fini par révolter le peuple. Dans Marie-Antoinette (2006), Sofia Coppola montre sous les traits de Kirsten Dunst, ses dames de compagnie (Céline Sallette) et rivales (Asia Argento), une cour royale décadente et complètement en dehors des réalités, qui ne pense qu’à s’ébattre sur la musique de New Order. Et ne voit pas plus loin que les intrigues de son microcosme (comme dans Ridicule de Patrice Leconte en 1996, avec Charles Berling, Fanny Ardant, Jean Rochefort, et une cour terrorisée par la peur du ridicule). Faisant de folles dépenses alors que le peuple, qui a faim, gronde sous ses fenêtres… La Révolution vue à travers les yeux de Marie-Antoinette, c’est aussi ce qu’a choisi de montrer Benoit Jacquot dans Les Adieux à la reine (2012). Dans lequel la reine (Diane Kruger), sa jeune lectrice (Léa Seydoux) et sa confidente (Virginie Ledoyen), honnie du peuple car archétype de l’oisiveté de la cour, pensent pouvoir résister aux assauts de la Révolution…
La naissance de la République
Assauts et soubresauts minutieusement dépeints dans l’ambitieuse fresque historique Un peuple et son roi de Pierre Schoeller (2018). On y assiste non seulement à la fin de l’Ancien Régime (et du roi Louis XVI, Laurent Lafitte), mais surtout aux balbutiements de la République, avec la formation d’une Assemblée. En première ligne : Robespierre (Louis Garrel) ou Marat (Denis Lavant), mais aussi de simples citoyens parisiens (notamment des femmes), comme la lavandière Françoise (Adèle Haenel) et son ami (Gaspard Ulliel). Et où l’on voit bien combien il est difficile de gagner sa souveraineté dans une époque aussi complexe…
Le difficile après
Parce qu’une fois l’Ancien Régime renversé, rien n’est simple. Ce que montre bien Danton (Gérard Depardieu) d’Andrzej Wajda en 1982 : l’avocat bon vivant, inquiet de la tournure que prennent les événements (la Terreur), défie son ancien allié, l’austère Robespierre. La rupture entre les deux grandes figures de la Révolution est consommée. Un divorce également bien expliqué dans le très ample et complet La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron (1989), avec François Cluzet en Camille Desmoulins, mais aussi Claudia Cardinale, Christopher Lee ou Michel Galabru. Un film en deux parties de plus cinq heures, qui possède certainement le record du monde de têtes coupées...
MARDI 9 JUILLET 2019 À 21H00
UN PEUPLE ET SON ROI
FILM EN PREMIÈRE EXCLUSIVITÉ
2018 • 1H58 • France