Oum Kalthoum, Fairuz, Dalida… Ces divas qui ont fait vibrer le monde arabe

Chanteuses, comédiennes ou danseuses, elles se sont fait une place dans un monde dominé par les hommes. Le documentaire Divas, de Feriel Ben Mahmoud, réalisé à l’occasion de l’exposition « Divas, d’Oum Kalthoum à Dalida » (à découvrir jusqu’au 26 septembre 2021 à l’Institut du monde arabe à Paris), revient sur la trajectoire hors normes de ces stars qui ont brillé dans le monde arabe des années 1920 à 1970, de Beyrouth à Casablanca, et rayonné bien au-delà de ses frontières.

En commençant par évoquer la plus célèbre de toutes : l’Égyptienne Oum Kathoum (ci-dessous), diva parmi les divas à la voix inoubliable. Avant d’être « l’astre d’Orient » que l’on connaît, tout en boucles d’oreilles brillantes et chignon impeccable, la petite Oum, née au tournant du XXe siècle, évoluait dans un milieu modeste, dans le delta du Nil.

Son père, imam, prenant la mesure de la puissance de sa voix, l’emmène chanter un répertoire religieux dans les villages, à la gloire du prophète, déguisée en garçon. Elle ne cessera jamais de chanter, débarquant au Caire dans les années 1920 pour faire carrière.

L’époque a soif de modernité, de progrès, et c’est cette jeune artiste qui va incarner ce désir de renouveau. Dès 1930, elle se retrouve au sommet, écrivant la bande son de plusieurs générations. « Oum Kathoum, c’est la quintessence de la culture arabe », dit le musicien Ibrahim Maalouf dans le documentaire.

Une diva adorée, dont tout le monde écoute les concerts en direct à la radio, pleurée par des millions d’admirateurs à sa mort en 1975. Qui aura contribué à unifier le monde arabe, mettant tout le monde d’accord, et joué un grand rôle politique dans l’Égypte de Nasser, comme le montre le documentaire.

À l’image d’une autre figure faisant l’unanimité : Fairuz (« turquoise »), 86 ans aujourd’hui, qui représente l’âge d’or de la douceur de vivre libanaise, et a, elle aussi, incarné la fierté et l’unité arabes.

Cette chanteuse influencée par la musique jazz a conquis le monde arabe, dans les années 1950, avec un répertoire moderne. Et s’est tue dans son propre pays durant la guerre civile libanaise (1975-1990). Ainsi, ne se revendiquant d’aucune chapelle, toutes les confessions ont pu s’identifier à sa musique.

Le documentaire, qui montre de beaux films d’archives et donne la parole à des artistes d’aujourd’hui, musicologues ou proches des stars (comme Orlando, le frère de Dalida), s’intéresse à d’autres figures incarnant la liberté. Comme l’Égyptienne Samia Gamal, qui réinventa l’art ancestral de la danse orientale.

Ou Dalida, née au Caire (qui chanta le carton international « Salma Ya Salama » en 1977), la chanteuse algérienne Warda al Jazaïria (photo de couverture), la fascinante Asmahan, chanteuse et actrice syrienne qui mourut très jeune…

Des femmes libres qui façonnèrent le monde arabe, et qui continuent d’influencer et inspirer les jeunes artistes d'aujourd’hui. 

Divas, Documentaire, 52 minutes, à voir en ce moment sur PLANÈTE+.