Détox (Netflix), une série drôle et tendre sur l’addiction aux smartphones

Posté par La rédaction CANAL+ le 6 septembre 2022
Petite surprise de la rentrée, la première série de Marie Jardillier évite le piège de la critique facile et moralisatrice pour s’assumer en comédie romantique qui fait du bien. Un parti pris aussi réjouissant que le casting de Détox, emmené par la complicité entre Tiphaine Daviot et Manon Azem.
Une décision radicale

Léa et Manon viennent de toucher le fond. Ces deux cousines également colocataires sont en crise, et cette situation a beaucoup à voir avec leur addiction aux écrans. Fraîchement larguée par l’homme de sa vie, la première ne parvient pas du tout à tourner la page et utilise tous les moyens imaginables pour stalker (traquer) les moindres faits et gestes de son ex sur Internet. Poussée par ce désir incontrôlable, elle finit même en garde à vue et menacée d’une plainte pour harcèlement.

La situation de Manon n’est guère plus enviable : sa mère corse un peu trop portée sur la bouteille (Helena Noguerra), la harcèle pour qu’elle travaille avec elle dans la restauration, et sa carrière de rappeuse qui ne décolle pas prend une tournure humiliante sur les réseaux sociaux, après la diffusion d’une vidéo très gênante d’un de ses concerts ratés.

Pour sortir de cette spirale négative, les deux cousines ont l’idée lors d’une soirée très arrosée de se passer de tous leurs écrans et de toute connexion Internet pendant un mois, ce qui est évidemment plus facile à dire qu’à faire pour ces deux trentenaires biberonnées depuis des années aux smartphones, aux notifications et aux likes. Comment faire pour communiquer, s’orienter en ville et même se réveiller sans téléphone ? Léa et Manon sont confrontées pour la première fois à ces questions d’un autre âge, avec le sentiment (littéralement) d’être nues et exclues de notre société surconnectée.

Une série qui ne tourne pas en rond

Pour réussir ce qu’elles appellent cette « détox digitale » et se remettre dans le droit chemin, elles prennent notamment la direction d’un camp de désintoxication où elles sont menées à la baguette par une Cécile Cassel excellente en militaire autoritaire qui n’autorise aucun écart à l’interdiction des smartphones. Et pour se sentir moins seules dans leur défi, Léa et Manon tentent aussi de convaincre des membres de leur famille des bienfaits de cette détox.

L’occasion pour la série de rappeler que l’addiction aux écrans touche toutes les générations, comme le père de Léa (hilarant Zinedine Soualem) qui ignore totalement sa femme (Charlotte de Turckheim) avec qui il préfère déclencher une guerre ouverte plutôt que de se déconnecter, ou le jeune épicier du coin (Oussama Kheddam), qui enchaîne les rencards sur Tinder sans trouver son bonheur.

Mais pour éviter de tourner en rond et de se transformer en leçon de morale, la série a l’intelligence de bifurquer assez rapidement vers la comédie romantique, sans jamais perdre l’humour déjantée et parfois absurde voire volontairement malaisant des situations imaginées par la créatrice, scénariste et réalisatrice de la série, Marie Jardillier, qui traite ses personnages avec beaucoup de tendresse, car elle sait bien que leurs travers sont aussi les nôtres.

Et si Détox est aussi rafraîchissante, elle le doit évidemment à l’énergie déployée par Tiphaine Daviot (HP sur CANAL+, Visitors sur Warner TV) et Manon Azem (Friendzone sur Netflix, Hashtag Boomer sur OCS), à la fois drôles et touchantes dans la peau de Léa et Manon. Il se pourrait d'ailleurs bien qu’elles fassent leur retour dans une deuxième saison, donc la détox digitale va encore devoir attendre un peu en ce qui nous concerne.

Détox épisodes 1 à 6 sur Netflix, disponible avec CANAL+.