LA MÉTHODE WILLIAMS, le biopic de la consécration pour Will Smith

Posté par Alexis Lebrun le 27 juillet 2022
En incarnant le père et entraîneur controversé des championnes de tennis Venus et Serena Williams, Will Smith a remporté cette année pour la première fois l’Oscar du meilleur acteur. Une récompense pas volée, mais obtenue dans des conditions jamais vues et qui occultent malheureusement sa performance dans LA MÉTHODE WILLIAMS (Reinaldo Marcus Green, 2021).
Une prophétie de 78 pages

Rétrospectivement, Richard Williams (Will Smith) apparaît comme un visionnaire. Ses deux filles, les inusables « Sœurs Williams », sont deux des meilleures joueuses de l’histoire du tennis, des légendes vivantes détentrices de dizaines de titres du Grand Chelem, et des icones dont l’aura dépasse largement le cadre du sport. Ce parcours hors du commun, leur père l’a voulu, et il l’a même planifié avant leur naissance dans un document de 78 pages qui détaille notamment sa méthode d’entraînement pour mener ses filles au sommet, alors que sa passion pour le tennis est venue très tardivement et qu’il a presque tout appris en autodidacte.

Bien sûr, quand il tente de convaincre des coachs professionnels d’entrainer Venus et Serena, il se heurte à un mur, d’autant plus que le milieu très bourgeois du tennis regarde d’un œil amusé – pour être poli – ce père de famille noir qui n’a pas les codes du tennis et qui vit dans le quartier chaud de Compton avec sa femme infirmière Brandy (Aunjanue Ellis). Il se colle donc lui-même à l’entraînement intensif de ses filles avec les moyens du bord, sur des courts miteux où l’on croise les gangs tristement célèbres de Los Angeles.

Et comme les Américains aiment le dire, « le reste appartient à l’Histoire ». Comme chacun peut l'imaginer, cette success story invraisemblable représente du pain béni pour Hollywood, où ce biopic sur Richard Williams n’a évidemment pas été réalisé sans l’aval de Venus et Serena Williams, présentes à la production. Les deux sœurs sont respectivement incarnées par Saniyya Sidney et Demi Singleton, deux jeunes actrices bluffantes et surtout crédibles avec une raquette en main.

Mais face à elle, LA MÉTHODE WILLIAMS fait forcément beaucoup de place au show Will Smith. Visiblement très motivé par ce projet, l’acteur se donne comme jamais pour le rôle, et cet engagement lui a permis de remporter à 53 ans son premier Oscar du meilleur acteur en mars dernier, alors qu’il faisait face à une sérieuse concurrence, notamment celle de Benedict Cumberbatch pour THE POWER OF THE DOG (Jane Campion, 2021) et Andrew Garfield pour TICK, TICK... BOOM! (Lin-Manuel Miranda, 2021).

Will Smith et les films sur le sport, une histoire d’amour qui dure

Déjà nommé il y a quinze ans pour un autre biopic estampillé 100% rêve américain, À LA RECHERCHE DU BONHEUR (Gabriele Muccino, 2006), Will Smith a surtout obtenu sa première nomination aux Oscars il y a pile vingt ans pour son interprétation solide d’un autre immense sportif afro-américain, dans ALI (2001), le grand biopic de Michael Mann sur le boxeur le plus célèbre de tous les temps.

Un an plus tôt, Will Smith s’était déjà essayé avec beaucoup moins de succès au film sur le sport en jouant dans LA LÉGENDE DE BAGGER VANCE (Robert Redford, 2000) un caddie venu à la rescousse d’un golfeur traumatisé (Matt Damon) par son expérience de soldat pendant la Première Guerre mondiale. Smith a heureusement fait un peu mieux récemment avec SEUL CONTRE TOUS (Peter Landesman, 2015), où il se glisse cette fois dans la peau du neurologue Bennet Omalu – eh oui, encore un biopic –, lanceur d’alerte sur les dangers du foot américain pour la santé des joueurs.

Réalisé par une figure montante du cinéma indépendant qui n’est pas maladroit quand il s’agit de tourner des scènes de tennis – Reinaldo Marcus Green, derrière la caméra sur MONSTERS AND MEN (2018) et JOE BELL (2020), deux films qui abordent respectivement les violences policières et l’homophobie –, LA MÉTHODE WILLIAMS constitue sans doute l’un des meilleurs rôles de Will Smith depuis ALI. Et « Be Alive », le morceau composé par Beyoncé pour la bande-originale et nommé aux Oscars, est une claque.