Faut qu’on parle, le doc événement sur l’homosexualité dans le sport français
En France, avant ce film, le patineur artistique Guillaume Cizeron était le seul sportif professionnel en activité ouvertement gay. C’est la première chose que nous apprend ce documentaire.
Mais comment est-ce possible ?, se demande-t-on. Y a-t-il un tel décalage entre le monde du sport et d’autres milieux ? Pour ce film, six champions ont accepté, face caméra, de briser le silence, et d’évoquer pour la première fois leur homosexualité.
Une manière de libérer la parole bien sûr, faire changer les mentalités, et d’aider d’autres sportifs à mieux vivre. « Pour moi, c’est juste dire la vérité », explique simplement Jérémy Clamy-Edroux (ci-dessous), premier rugbyman à parler de son homosexualité. Pas évident, dans un sport où l’on entend à l’entraînement des phrases comme « on n’est pas des pédés », explique-t-il.
Celui-ci a décidé de s’assumer, mais prend des « précautions » avec son équipe, « pour ne pas inquiéter » : « On se met des barrières car on ne veut pas que ce soit mal interprété. » Ses coéquipiers, eux, ne semblent pas « inquiets et le soutiennent.

Comme lui, le patineur Kevin Aymoz (photo ci-dessous), la judokate Amandine Buchard, le nageur Jérémy Stravius, la basketteuse Céline Dumerc et l’escrimeuse Astrid Guyart racontent leur parcours.
Comment ils et elles sont longtemps restés silencieux, faisant même croire à leurs coachs ou coéquipiers être hétéros, pour certains. « Si personne n’est au courant et que tout se passe bien, pourquoi le dire ? » résume le champion Jérémy Stravius. Puis comment ils se sont confiés, peu à peu, à leurs collègues.
Mais avant cela, il y a eu les années à ne pas pouvoir être pleinement soi-même. Et toujours cette question : le dire, ou pas ? Mais quand cela fait dix ans qu’on entend des blagues homophobes, difficile de faire son coming out, explique Astrid Guyart.

Ces six athlètes racontent sans tabous, avec humour et sensibilité, leur cheminement, dans des milieux où il est encore délicat de ne pas être hétéro. La « pression du vestiaire », la peur du regard des autres, le mal-être, l’impact sur les performances sportives. Mais aussi l’acceptation, l’esprit de camaraderie avec l’équipe, le bonheur en couple…
Loin d’être un documentaire sombre, Faut qu’on parle est au contraire un film porteur d’espoir, mené par des personnalités lumineuses, sur un milieu du sport français qui s’ouvre de plus en plus.
Faut qu'on parle, Documentaire, en ce moment sur CANAL+.