Les présidents et la télévision, dans les coulisses de la com’ et du pouvoir
On se souvient du président Nicolas Sarkozy, interrogé en janvier 2008 lors d’une conférence de presse, répondre du tac au tac : « Avec Carla, c’est du sérieux. »
Un chef d’État qui affiche son bonheur à la télévision en toute décontraction ? Quelques décennies auparavant, ça aurait été inimaginable.
Le documentaire Les présidents et la télévision revient sur les relations entre les présidents de la Ve République et le petit écran, houleuses ou énamourées, mais toujours passionnées.
Qu’ils l’adorent (comme De Gaulle, qui était un spectateur assidu de l’unique chaîne de l’époque) ou la détestent (comme Georges Pompidou), tous les présidents ont compris l’importance de la télévision.
Le général, par exemple, a fait appel à Louis de Funès pour lui demander conseil, nous apprend le documentaire. Ses prestations, théâtrales, s’en ressentent : le chef d’État savait mettre les journalistes dans sa poche avec quelques blagues bien senties.

Son successeur, Georges Pompidou, passe devant la caméra de mauvaise grâce, mais avec une certaine aisance. En revanche, c’est lui qui desserrera l’étau de l’ORTF en 1969, annonçant la création de deux unités autonomes d’information. Sous son mandat, la télé devient plus libre, plus moderne.
Valéry Giscard d’Estaing, lui, va beaucoup plus loin, décidant de supprimer l’ORTF en 1974. Avec JFK pour référence, il a le goût du spectacle et de la mise en scène.
En témoigne son allocution dite du « au revoir », prononcée en mai 1981, au moment de quitter le palais de l’Élysée. Les présidents et la télévision revient sur les dessous de ce moment culte, mille fois parodié…
François Mitterrand, qui prend la suite, a bien retenu la leçon : lui ne pèchera pas par orgueil. Problème : il est « mauvais comme un cochon » à la télévision… Ce qui ne l’empêchera pas d’inspirer une star du petit écran, Kermitterrand du Bébête Show.
Ni de se prendre les pieds dans le tapis de temps en temps, comme lors de la séquence sur TF1 en 1985, durant laquelle Yves Mourousi lui demande s’il sait ce qu’est le « chébran »…
Plus surprenant que ces images bien connues : on apprend que la télévision n’était pas l’amie de Jacques Chirac, qu’on voyait pourtant comme une bête cathodique née.
On assiste également aux changements d’époques, avec Nicolas Sarkozy, qui créé l’événement chaque jour pour les chaînes d’info. En comparaison, François Hollande est trop naturel, trop « normal ».
Tout le contraire du style « jupitérien » d’Emmanuel Macron, avec son investiture grandiose au Louvre et ses dérapages contrôlés.

Un documentaire drôle et intéressant retraçant, aux côtés d’experts (journalistes politiques comme Anne Sinclair, Arlette Chabot ou Alain Duhamel, conseillers en communication…), soixante ans de politique française et de communication, par le prisme pas si déformant de la petite lucarne.
Les présidents et la télévision, Documentaire, à voir sur PLANÈTE+ dès le 21 mars.