Une statue pour Navas

Posté par Pierre Ménès le 10 mars 2021

Ceux qui me font le plaisir de me suivre m’ont certainement entendu dire que Paris se qualifierait mais ne gagnerait pas ce match retour. Très franchement, je voyais un 2-1 pour Barcelone ou un 2-2. Évidemment, je n’avais pas prévu que Paris livrerait une prestation aussi apocalyptique, avec une première-mi-temps abominable. Incapables d’aligner trois passes ou de conserver la balle plus de cinq secondes, les Parisiens ont laissé les Barcelonais jouer dans un fauteuil et ont été littéralement submergés. La faute à qui ? 

Eh bien pour commencer, la faute à des latéraux à la ramasse. Florenzi n’avait pas le niveau physique pour jouer ce match et Kurzawa pas le niveau tout court. Mais la grosse déception vient des milieux. Gueye s’est bien battu mais demeure trop limité techniquement. Paredes semblait paralysé par la peur de prendre un carton jaune - qu’il a finalement pris - et s’est montré effroyable. Quant à Verratti, il n’a jamais réussi à se sortir du pressing catalan et a été muselé, Koeman ayant visiblement bien analysé le match aller. 

Franchement, sans un Navas exceptionnel, le Barça aurait très bien pu refaire son retard dès la mi-temps. Le gardien costaricien a été bien aidé par Dembélé, qui a raté ses face à face avec des frappes trop molles. Le PSG a miraculeusement ouvert le score sur un penalty très sévère après que Lenglet a marché sur le tendon d’Achille d’Icardi et Messi a égalisé d’une frappe splendide à 25 mètres en pleine lunette - du pur Messi. Évidemment, le momentum de cette rencontre a lieu juste avant la pause, quand Kurzawa provoque son second penalty en deux matchs en heurtant le pied de Griezmann. 

Mais là encore, Navas a sauvé l’équipe de la capitale en sortant le penalty de l’Argentin avec l’aide de la transversale. Il est évident qu’à 2-1 pour le Barça à la mi-temps, la suite du match aurait sans doute été différente. Au repos, Pochettino qui a donc des yeux a fait sortir Kurzawa pour Diallo qui, en l’absence de Bernat, est pour moi la meilleure option à gauche. L’ancien de Dortmund a d’ailleurs été très bon en remportant quasiment tous ses duels. Paris a aussi joué un peu plus haut et mis à part une reprise à bout portant de Messi contrée par Marquinhos et une tête de Busquets au premier poteau repoussée par Navas, les Catalans ont eu nettement moins d’occasions en seconde période. 

Mbappé et le repli défensif

Alors, les explications à ce non-match sont multiples. D’abord, à part l’aller au Camp Nou et la victoire à Manchester, le PSG a été défaillant dans tous les gros matchs cette saison. Au moins, les rageux primaires ne pourront pas dire que les Parisiens ont éliminé une équipe en carton - équipe qui soit dit en passant est 2e de Liga. Et puis peut-être que le traumatisme de 2017 était plus important que ce que l’on pouvait penser. Maintenant, si les Parisiens lisent la presse, cela fait trois semaines qu’ils entendent parler de remontada. Psychologiquement, il y a mieux comme préparation. 

D’ici le quart de finale début avril, le PSG va récupérer des joueurs importants. Je pense à Neymar évidemment, mais aussi à Kean, dont l’importance dans le repli défensif et dans le jeu se voit quand il n’est pas là. Alors on va me parler de l’absence de repli défensif de Mbappé mais il faut savoir ce qu’on veut : on ne peut pas demander à la seule target offensive de revenir jusqu’à ses 16 mètres, il faut bien qu’il fixe deux ou trois défenseurs - ce qu’il a fait tout le match en faisant peser la menace de sa vitesse sur la défense barcelonaise - et qu’il ne soit pas obligé de faire 80 mètres pour aller porter le danger. 

Je n’en dirais pas autant de Draxler, qui avait une chance inouïe de reconquérir les cœurs parisiens mais qui a fait un match « à la Draxler », en donnant l’impression d’être là pour prendre l’air. C’est dommage par rapport à son talent. Quoi qu’il en soit, Paris va désormais attendre le tirage au sort. Maintenant, il faut aussi se faire à l’idée que cette Ligue des Champions à huis-clos est très dure à lire. Cette saison n’est pas normale et c’est la même punition pour tous les clubs…

Pierrot