Pourquoi il faut (re)voir les Soprano (OCS), la série la plus influente des 20 dernières années
C’est simple, sans le personnage ambivalent de mafieux dépressif qu’est Tony Soprano, Walter White (Breaking Bad) ou Don Draper (Mad Men) n’existeraient sûrement pas. Car avant que les anti-héros ne deviennent des icones de la pop culture adulées au premier degré par des hordes de fans, cette idée de David Chase était extrêmement audacieuse à la fin des années 1990. Les Soprano suivent en effet la vie d’un parrain de la mafia du New Jersey qui a toutes les peines du monde à trouver le bon équilibre entre sa vie familiale et sa vie professionnelle pour le moins mouvementée, ce qui le conduit à devoir consulter la géniale psychanalyste Jennifer Melfi (Lorraine Bracco).
Si ce pitch paraît très séduisant vu d’aujourd’hui, c’est parce qu’il l’est. Et cette idée brillante est surtout magistralement interprétée par James Gandolfini, formidable acteur décédé beaucoup trop tôt en 2013, mais qui a eu le temps de gagner non pas un ni deux mais TROIS Emmy Awards pour le rôle, à une petite unité du record de Bryan Cranston pour Breaking Bad.

Aujourd’hui, les séries sont partout et HBO est devenu un label de qualité connu dans le monde entier. Mais avant cet âge d’or de la « Peak TV », les choses étaient radicalement différentes. Car même s’il y avait déjà eu d’excellentes séries dans les années 1990, cet art n’était pas considéré au même niveau que ses voisins classiques comme le cinéma ou la littérature. Les Soprano ont fait exploser ces préjugés, en offrant au public une œuvre complexe d’une ambition jamais vue, avec une qualité d’écriture et un soin apporté à la réalisation qui en font un classique intemporel.
Non seulement la série n’a pas pris une ride, mais avec ses audiences inespérées, elle a aussi lancé la déferlante des shows HBO d’avant-garde, où aucun sujet n’est tabou et où la qualité prime sur la popularité. Et l’influence des Soprano ne s’arrête pas là, puisque plusieurs des scénaristes de la série sont devenus des showrunners de grand talent : Matthew Weiner a créé Mad Men, et Terence Winter Boardwalk Empire, soit deux des meilleurs shows de tous les temps. C’est ce qui s’appelle avoir été à bonne école.

On ne résiste pas au plaisir de terminer en évoquant un autre élément saillant des Soprano : sa musique abondamment commentée et appréciée. La série est en effet connue pour son utilisation de centaines de morceaux issus de styles assez variés, et tous choisis directement par David Chase. Ce dernier a pu compter sur l’aide de Steven Van Zandt, guitariste membre du E Street Band de Bruce Springsteen, et interprète de Silvio Dante dans la série.
Les génériques de fin de quasiment tous les épisodes ont eu droit à un morceau différent, et ils sont bien sûr nombreux à être restés dans les mémoires, à tel point que certains considèrent la musique comme un personnage à part entière de la série. Ajoutez à ça que certaines scènes ont été tournées spécialement pour accompagner certains morceaux déjà choisis, et vous comprenez l’impact que les Soprano ont eu sur notre culture musicale, et plus globalement sur l’utilisation de titres préexistants dans les séries.
Les Soprano saisons 1 à 6 sur OCS, disponible avec CANAL+.