Cannes 2022 : Deepika Padukone, le paradoxe de la notoriété

Posté par Renaud Villain le 17 mai 2022
Lorsque Thierry Frémeaux, le délégué du festival de Cannes, affirme que le jury de cette année, présidé par l’acteur palmé Vincent Lindon (« La loi du marché » Stéphane Brizé, Cannes 2015), est totalement paritaire c’est une vérité. Et c’est le signe indéniable d’une évolution réelle et vérifiable au sein du Festival de Cannes.

On peut regretter toutefois (l’éloge n’empêche pas la critique) que ces représentantes du 7ème art (essentiellement reconnues en tant qu’actrices) soient âgées de 36 et 42 ans, ce qui en soit est une concession au glam au détriment d’une représentation plus large de ce qu’est la femme, ce qu’est l’homme aussi. Encore une fois, quelques chiffres fournis par Actrices Acteurs de France Associés pour étayer notre propos : 

« Aujourd’hui, en France, une femme majeure sur deux a plus de 50 ans : 52 % de la population féminine majeure (source INSEE), un quart de la population majeure totale. Mais cette majorité réelle dans la vie est traitée comme une minorité invisible dans les fictions. Sur l’ensemble des films français de 2015, seuls 8 % des rôles sont attribués à des comédiennes de plus de 50 ans. En 2016 : 6%. À l’inverse de leurs partenaires masculins, à l’image, les femmes ne semblent avoir qu’une alternative : être jeunes ou rester jeunes. Les femmes ne vieillissent pas… elles disparaissent des écrans ! »

Soyons justes néanmoins : cette moitié de jury n’est pas là que pour faire potiche et seulement porter de belles robes pour la montée des marches quotidiennes ! Toutes ont également un pied dans la production de film et certaines sont également scénaristes et réalisatrices comme la Britannique Rebecca Hall (« Clair-Obscur » en 2021) ou l’Italienne Jasmine Trinca, qui peut prétendre à la Caméra d’or cette année avec son film « Marcel ! », présenté en séance spéciale. La Suédoise Noomi Rapace (productrice déléguée notamment pour « Lamb » deValdimar Jóhannsson, prix Un certain regard – Prix de l’originalité à Cannes en 2021) est peut-être la plus connue du grand public pour son interprétation de « Millenium ».  

Pourtant celle dont nous voulons vous parler, plus exotique et mystérieuse à nos yeux occidentaux, bénéficie paradoxalement d’une aura bien plus importante que tous les autres membres du jury réunis : il s’agit de l’Indienne Deepika Panukone, star adulée dans un pays qui est le premier producteur de films au monde (environ 1000 films produits par an et 30 millions de spectateurs... par jour !) et qui rayonne sur près de 90 pays étrangers.  

Cette jeune femme, actrice, mannequin, productrice et militante de 36 ans a foulé les marches de Cannes pour la première fois en 2010 pour la première du film « Tournée » de Mathieu Amalric en se faisant remarquer dans son Sari (costume traditionnel des femmes indiennes) aux couleurs blanc et or.  

Née au Danemark d’un père champion de Badminton et d’une mère agent de voyage, Deepika Panukone, retournée en Inde à l’âge de 1 an, a commencé tôt une carrière de mannequinat (vers les 8 ans). Elle a aussi pratiqué elle-même à haute dose le Badminton (championnat au niveau national) et tâté un peu du Baseball. C’est grâce à une publicité télévisée pour le savon Liril que sa carrière décolle et l’emmène plus proche de Bollywood où elle ne va pas tarder à se faire un nom notamment avec le film « Om Shanti Om » de Farah Khan avec le dieu masculin du cinéma indien Shah Rukh Khan, SRK pour les connaisseurs ! Deepika Panukone, en tant qu’actrice, a une trentaine de films au compteur, dont une expérience peu concluante aux Etats-Unis aux côtés de Vin Diesel dans « xXx : Reactivated » (D.J. Caruso – 2017). Sa société de production, Ka Production, fondée en 2018 ne connaît pas plus de succès avec deux films produits jusqu’ici, « Chhapaak » (2020), qui traite d’un sujet social hélas très répandu en Inde (les femmes attaquées à l’acide) et « 83 », film plus léger dans le milieu sportif (2021). Deux semi-échecs commerciaux. 

Deepika Panukone est perçue comme une icône voire une sainte : elle a fondé en 2015 la « Live Love Laugh Foundation » pour sensibiliser les Indiens aux maladies mentales. Certes, son soutien au #Blacklivesmatters a été moyennement apprécié, alors que par ailleurs elle vantait les mérites d’un savon pour le blanchiment de la peau (un enjeu de caste en Inde)… Qu’importe ! Son influence dans son pays et dans le monde n’a jamais cessé de s’accroître : en 2018, le magazine « Forbes » l’a classé parmi 100 personnalités les plus influentes au monde… Ne lui reste plus qu’à utiliser cette influence auprès du jury cannois ! 

 

copyright photos © AFP

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