Donnybrook, quand la vie est un combat clandestin
DONNYBROOK (Tim Sutton, 2020) est un film en immersion directe dans l'Amérique profonde et désespérée d'aujourd'hui. Ex-marine désormais fauché, Jarhead (Jamie Bell) est un battant, un homme combatif, au sens propre comme au figuré ; il est prêt à tout pour subvenir aux besoins de sa famille et il aime se battre. Lorsqu'il découvre le « donnybrook », un tournoi de combats clandestins qui se déroule dans les forêts de l'Indiana, sa vie pourrait bien changer...
Ce qui frappe – sans mauvais jeu de mot – c'est de voir que Jamie a vraiment bien changé depuis BILLY ELLIOT (Stephen Daldry, 2000) ; le voir en dominateur dans NYMPHOMANIAC VOLUME 2 (Lars Von Trier, 2014) puis en néo-nazi dans SKIN (Guy Nattiv, 2019), c'était déjà surprenant. Là, dans DONNYBROOK, fini l'enfant danseur du film précité ou l'adolescent espion de MY NAME IS HALLAM FOE (David Mackenzie, 2008). Bell se rapproche, en exagérant un peu, d'un Mickey Rourke poids plume. Face à un Frank Grillo tout en abdominaux, Jamie Bell porte à bout de bras DONNYBROOK, une espèce de western noir et moderne sans foi ni loi qui dément (ou non) la phrase qui dit que la violence ne résout rien.

Si l'on parle de combats clandestins, on ne parle pas de films avec Jean-Claude Van Damme – quoique dans BLOODSPORT (Newt Arnold, 1988), pour reprendre son sous-titre, « tous les coups sont permis » – et encore moins de biopic sur l'ascension d'un champion de boxe comme ALI (Michael Mann, 2002). Non, on parle ici de fight illégaux dans lesquels k.o veut dire que, de battre, le cœur s'est arrêté.
Les combats clandestins ne pouvaient qu'intéresser le cinéma très physique et « viril » de Jacques Audiard. Et cela n'a pas loupé dans DE ROUILLE ET D'OS (2012) puisque l'armoire à glace Matthias Schoenaerts se retrouve dans la peau d'un personnage qui prend goût à ce genre de combats pour arrondir ses fins de mois. Si dans UN PROPHETE (2009) Tahar Rahim combat surtout ses démons, les luttes clandestines font partie des codes du film de prison comme dans UN SEUL DEVIENDRA INVINCIBLE (Walter Hill, 2002), qui aurait pu être le titre de DONNYBROOK et ce qui pourrait être une définition du combat clandestin. Dans SCORPION (Julien Séri, 2007), l'action se situe hors du milieu carcéral mais le personnage incarné par Clovis Cornillac revient tout juste de prison et fait face à Jerôme Le Banner, ancien boxeur professionnel dans la « vraie vie »...

Poursuivons avec les gueules abîmés. Brad Pitt est le bon exemple de l'acteur qui aime écorner son image de star hollywoodienne ultime en prenant des coups mais aussi en distribuant de sacrées mandales. Dans SNATCH : TU BRAQUES OU TU RAQUES (Guy Ritchie, 2000), il joue au boxeur gitan qui s'illustre avec panache dans des combats organisés par la pègre londonienne. Et puis on pense bien sûr à FIGHT CLUB (David Fincher, 1999), sans doute le film le plus emblématique du genre puisque le Fight Club est bien un club dans lequel on se bat, sauf que ce n'est pas dans le but de gagner de l'argent mais simplement pour les sensations fortes. Ah mais, pardon, la première règle du Fight Club, c'est qu'il est interdit de parler du fight club, et la deuxième règle aussi, alors n'en parlons pas.
Pour finir, citons une autre star hollywoodienne : Ben Affleck. Dans LES BRASIERS DE LA COLERE (Scott Cooper, 2014), Ben incarne un ex-soldat qui, par besoin d'agent, participe à des combats. Tiens, tiens, un personnage qui rappelle curieusement celui de Jamie Bell dans DONNYBROOK...
Donnybrook, disponible sur CANAL+