Halloween : notre sélection ciné pour sursauter dans votre canapé
Que serait le cinéma d’horreur sans le sous-genre incontournable du film de maison hantée ? Question purement rhétorique, pour justifier de commencer par la suite attendue d’une trilogie très populaire, celle des films THE GRUDGE sortis entre 2004 et 2009. Dans le premier – réalisé par Takashi Shimizu –, une certaine Sarah Michelle Gellar incarnait une étudiante qui avait la mauvaise idée de mettre les pieds dans une maison touchée par une malédiction plutôt hardcore à Tokyo. Dans la version de 2020 réalisée par Nicolas Pesce – et qui s’intitule toujours THE GRUDGE –, l’héroïne est désormais interprétée par Andrea Riseborough, décidément habituée au gore après sa performance remarquée dans l’incroyable POSSESSOR de Brandon Cronenberg sorti cette année. L’actrice britannique joue cette fois une inspectrice de police qui enquête sur des meurtres survenus dans une maison familiale en Pennsylvanie, et comme toutes les personnes qui rentrent à l’intérieur, elle risque de le regretter : les lieux sont hantés par une malédiction qui se transmet à tous les visiteurs.
Sur la forme, tout y est : l’image verdâtre respire l’humidité des lieux et corps en décomposition, on compte les jump scares à la pelle, et le sang coule à flot. Mais si vous n’avez pas encore eu votre dose de frissons, vous pouvez aussi vous tourner vers le plus indé BANISHING : LA DEMEURE DU MAL (Christopher Smith, 2021), inédit en France, et dans lequel la famille d’un révérend anglais s’installe dans un joli petit manoir au cœur des années 1930. Bien sûr, ce cadre sert en réalité de point de départ à une intrigue bien glauque qui mêle en vrac vœu de chasteté, adultère, esprit vengeur et magie noire, avec la fillette du couple qui joue – comme il est de coutume dans le genre du film de maison hantée – un rôle tout à fait effrayant. On a plaisir à retrouver Jessica Brown Findlay (la série DOWNTON ABBEY) dans le rôle de la mère, John Lynch (la série THE HEAD sur CANAL+) dans celui d’un évêque pas net, et surtout le flippant Sean Harris (Solomon Lane dans les deux derniers MISSION IMPOSSIBLE en occultiste.

Si vous étouffez un peu dans les maisons hantées et que vous avez envie de prendre un peu l’air, pourquoi ne pas faire une petite promenade en forêt ? C’est la proposition des deux films qui suivent, mais attention, la balade ne va pas être de tout repos. Pour l’héroïne de HUNTED (Vincent Paronnaud, 2020), c’est un euphémisme : l’actrice belge Lucie Debay y incarne avec beaucoup de talent une jeune femme (nommée Ève, pas un hasard), en fuite dans les bois pour échapper à deux hommes rencontrés dans un bar et qui se révèlent être des tueurs en série. Le scénario du film est simplissime, mais il est d’une efficacité redoutable, et HUNTED se distingue surtout par la pertinence de son propos, qui entre en résonance avec les luttes féministes actuelles. En abordant la question du consentement, de la violence du patriarcat, de la nature de l’homme et des tueurs de femmes dans un film de genre (le revenge movie) français sans complexe, l’auteur de BD et réalisateur Vincent Paronnaud (Winshluss) surprend positivement, pour son premier film en solo après ses deux collaborations avec Marjane Satrapi sur les adaptations des bandes dessinées PERSÉPOLIS (2007) et POULET AUX PRUNES (2011).
La même modernité est à l’œuvre dans le très bon WHAT KEEPS YOU ALIVE (Colin Minihan, 2018), où l’escapade dans les bois de deux amoureuses prend une sale tournure, la faute au passé trouble de l’une des héroïnes (Hannah Emily Anderson), révélé à sa femme (Brittany Allen) par une amie d’enfance (Martha MacIsaac) qui habite une maison dans le même trou perdu. Un slasher movie stressant mais aussi particulièrement rafraîchissant, dans la mesure où il redistribue un peu les cartes usées du trope narratif de la surviving girl. Voilà un film d’horreur où quasiment tous les personnages sont des femmes – y compris la meurtrière donc – et où le couple lesbien ouvre des pistes scénaristiques intéressantes. Enfin, puisque l’on parle d’héroïnes de slasher movies, on ne résiste pas au plaisir d’évoquer le retour de l’actrice Jessica Rothe dans HAPPY BIRTHDEAD 2 YOU (Christopher Landon, 2019), suite réussie du HAPPY BIRTHDEAD du même réalisateur (2017), où le personnage de Tree est de nouveau coincé dans une boucle temporelle avec un tueur portant un masque de bébé terrifiant. Le mélange de comédie et d’horreur du premier volet est cette fois enrichi d’une pincée de SF pas désagréable, qui évite à cette suite le risque de la répétition. Et si vous préférez justement revoir des grands classiques d’Halloween, c’est possible quand même : BEETLEJUICE (Tim Burton, 1988) et les films de Barry Sonnenfeld sur LA FAMILLE ADDAMS datant du début des années 1990 sont aussi disponibles, tout comme un paquet de films de sorcières. Witch, please.
