Rogue Heroes, la nouvelle série rock’n’roll du créateur de Peaky Blinders

Posté par Alexis Lebrun le 24 novembre 2022
Quelques mois seulement après les adieux de Tommy Shelby sur Netflix, Steven Knight revient avec une nouvelle production aux allures de blockbuster tarantinesque. Sorte de réponse britannique à Inglourious Basterds (2009), Rogue Heroes est une série fun voire déjantée, mais surtout basée sur une histoire vraie incontestablement fascinante.
Qui ose gagne

« Who dares wins », c’est la devise du SAS (Special Air Service), célèbre unité des forces spéciales britanniques. Et on la comprend mieux dès le premier épisode de Rogue Heroes, qui ambitionne de raconter la naissance pour le moins improbable du SAS en juillet 1941, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage. Tout se passe en Afrique et plus précisément en Egypte, où les Britanniques affrontent les fascistes italiens alliés des nazis, qui ont envahi le pays et souhaitent prendre le contrôle d’un point éminemment stratégique : le canal de Suez.

Les Alliés ont de grandes difficultés depuis que l’Afrikakorps de Rommel a été envoyé en renfort par Hitler, et cela exaspère certains soldats, comme le lieutenant David Stirling, un aristo écossais porté sur la bouteille et très peu respectueux de la hiérarchie. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : ce membre des commandos est un redoutable soldat, et c’est lui qui a l’idée de recruter d’autres combattants aussi violents et allumés que lui pour former une unité spéciale dont la mission serait de s’infiltrer derrière les lignes ennemies pour les désorganiser mortellement.

Une tactique très osée qui peine à convaincre la hiérarchie, arc-boutée sur ses traditions et ses principes. Mais même handicapé par un accident de parachute dont il se remet, Stirling a de la ressource et parvient à concrétiser son idée et à recruter ses têtes brûlées, des « héros rebelles » : le SAS est né, et il va bien jouer son rôle pendant la guerre, puis devenir connu dans le monde entier pour son efficacité. Avant d’être racontée dans une série, cette histoire un peu folle a fait l’objet d’un livre de Ben Macintyre, dont Rogue Heroes est l’adaptation.

Du sang, de la sueur et des vannes

Et les fans de Peaky Blinders peuvent déjà se réjouir : on reconnaît immédiatement le style de Steven Knight, scénariste des six épisodes de Rogue Heroes. Outre les quelques scènes très sanglantes, la série met en effet en scène une forme d’amitié militaire masculine très virile mais avec un sens débridé du fun et des répliques qui claquent avant de partir à la chasse aux nazis (d'où la comparaison avec Tarantino et son Inglourious Basterds), sans oublier la bande-son rock et anachronique de rigueur, où AC/DC se taille la part du lion.

Il faut dire aussi que les personnages de cette histoire semblent taillés pour le créateur de Peaky Blinders, puisque les deux autres membres fondateurs du SAS sont aussi de fortes têtes : Paddy Mayne est une sorte de héros de guerre ultraviolent, et Jock Lewes est un leader né qui apporte un peu de discipline à un groupe qui serait sinon difficilement contrôlable. Ce trio constitue le cœur battant de Rogue Heroes, mais la série compte de nombreux personnages, notamment français. Et ce n’est pas une invention de la fiction, car le SAS comptait en effet des parachutistes français, recrutés directement auprès du général de Gaulle en exil à Londres… Voilà pourquoi on retrouve dans la série une espionne française d’Algérie – certes fictive – et de vrais soldats français comme Georges Bergé et Augustin Jordan.

Mais la vedette est volée par Dudley Clarke, membre illustre et excentrique des services secrets britanniques, pionnier de la désinformation de l’ennemi et décisif dans la création du SAS. Et si ce personnage nous intrigue tant, c’est en bonne partie parce qu’il est joué par Dominic West, le visage de The Wire (OCS) que l’on peut aussi voir en ce moment dans la saison 5 de The Crown (Netflix) dans le rôle de Charles. Plus globalement, le casting de Rogue Heroes est emballant !

Connor Swindells, so charming

Connor Swindells de Sex Education (Netflix) prête tout son charme au personnage de David Stirling, Jack O'Connell (Paddy Mayne) de Skins (Netflix) a vraiment bien passé le cap de la trentaine, et le visage si reconnaissable d’Alfie Allen de Game of Thrones (OCS) se prête bien au rôle de Jock Lewes.

Signalons également la présence de l’actrice franco-algérienne Sofia Boutella dans la peau de l’espionne Eve Mansour, ainsi que des Français César Domboy (Outlander) et Virgile Bramly (Validé). Tournée dans des décors et des costumes d’époque impressionnants, Rogue Heroes profite aussi de la présence derrière la caméra de Tom Shankland, qui a déjà réalisé la mini-série Les Misérables (LIONSGATE+) et Le Serpent (Netflix). Bref, même si vous n'aimez ni Tarantino ni Peaky Blinders, on ne peut que vous conseiller cette série qui dépote.

Rogue Heroes épisodes 1 à 6, diffusés à partir du 1er décembre sur CANAL+.