Jodie Foster, la plus française des actrices américaines
On dit souvent de Jodie Foster qu’elle est une actrice surdouée, et pour cause. Après avoir commencé sa carrière à deux ans seulement en tournant dans des publicités, elle enchaîne avec une vingtaine de rôles dans des séries entre 1969 et 1974. Jodie Foster est une enfant star de la télévision, mais l’écran est trop petit pour elle : elle passe rapidement au cinéma. Elle joue une première fois pour Martin Scorsese dans ALICE N’EST PLUS ICI (1974), mais c’est dans son film suivant qu’elle explose véritablement aux yeux du grand public dans le monde entier, et passe au statut d’ado star.
Dans le chef-d’œuvre TAXI DRIVER (1976), elle n’a que 13 ans lorsqu’elle incarne le rôle d’une enfant prostituée, aux côtés de Robert de Niro dans le New York très sombre et violent des années 1970. L’acteur fétiche de Scorsese y joue le célèbre Travis Bickle, un chauffeur de taxi traumatisé à son retour de la guerre du Vietnam. TAXI DRIVER obtient la Palme d’or à Cannes, et Jodie Foster est nommée pour la première fois à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Comme si ça ne suffisait pas, elle se fait aussi remarquer en faisant office de traductrice lors de la conférence de presse du film sur la Croisette, puisqu’elle parle parfaitement français grâce à ses études. Elle deviendra par la suite connue pour réaliser elle-même le doublage en français de ses personnages pour la plupart de ses films.

Au début des années 1990, Jodie Foster a achevé avec succès son passage à des rôles adultes, et elle vient de gagner deux Oscars de la meilleure actrice en trois ans : d’abord pour LES ACCUSÉS (Jonathan Kaplan, 1988), film pionnier sur le viol et ses conséquences, puis pour l’inoubliable LE SILENCE DES AGNEAUX (Jonathan Demme, 1991), où elle incarne avec brio la légendaire agente du FBI Clarice Sterling, face au terrible Hannibal Lecter (Anthony Hopkins). En 1992, elle fonde sa société de production (Egg Pictures), dont la première production est le film NELL (Michael Apted, 1994), où elle tient le premier rôle, et pas le plus facile.
Elle interprète en effet une enfant sauvage d’une vingtaine d’années, née d’un viol et élevée seule par sa mère à l’écart de la civilisation, dans une forêt de Caroline du Nord. Jodie Foster porte littéralement le film sur ses épaules avec une performance d’actrice impressionnante, notamment grâce au langage inventé par son personnage. Rien d’étonnant donc si NELL rapporte à Foster sa quatrième nomination pour un Oscar en tant qu’actrice.

Il faut ensuite attendre 1997 pour retrouver Jodie Foster dans un rôle devant la caméra, mais quel rôle ! Dans le très sous-estimé film de science-fiction CONTACT (Robert Zemeckis), elle incarne aux côtés de Matthew McConaughey une scientifique qui découvre la preuve de l’existence d’une forme de vie extraterrestre, avant d’être choisie pour établir le premier contact.
Cette odyssée spatiale épique de 2h30 est un succès, et permet à Jodie Foster de briller pour la première fois dans un blockbuster qui met le paquet sur les effets spéciaux.

La décennie 2000 est plus compliquée pour Jodie Foster, mais elle revient tout de même en 2007 dans le blockbuster À VIF (Neil Jordan), très controversé à sa sortie en France, et vous allez vite comprendre pourquoi. Elle y incarne en effet une femme veuve à la suite d’une agression subie en compagnie de son mari à New York. Traumatisée par ce drame et terrorisée au quotidien, elle se procure une arme et devient une sorte de justicière vengeresse en abattant des criminels, avant de se lancer à la poursuite des assassins de son fiancé. Un film explosif sur le sujet de l’auto-défense, et de la vengeance en guise de justice, avec un echo particulier pour le scénario de TAXI DRIVER.
On peut arguer que le film a peut-être été mal compris à sa sortie, et que de mauvaises intentions ont été prêtées au réalisateur, alors que son message est sans doute plus complexe que d’encourager les victimes à se faire justice par elles-mêmes. À VIF prend aussi une autre dimension aujourd’hui, compte tenu de l’intérêt beaucoup plus soutenu de notre époque pour le sujet des violences faites aux femmes, et des réponses à y apporter. On n’ira pas jusqu’à se risquer à qualifier le film de féministe, mais Jodie Foster et sa carrière le sont assurément.
