The Crown, saison 5 : toujours la meilleure série Netflix ?
Si la saison 4 de The Crown était déjà difficile pour certains personnages de la famille royale, ce n’était rien par rapport à ce qui les attend. Souvenez-vous de la conclusion : alors que Margaret Thatcher quittait le 10 Downing Street, Charles et Diana recevaient chacun une sévère leçon sur leur mariage agonisant, de la part d’Elizabeth et Philip respectivement.
Quand commence cette cinquième saison, nous sommes donc au tout début des années 1990, et le couple tente de vendre à la presse l’image d’une famille heureuse en pleine deuxième lune de miel. Comme chacun le sait, cette tentative de rafistolage ne fera pas long feu : Diana est contactée par un journaliste people qui lui propose d’écrire sa version de l’histoire sans la griller auprès de la famille royale, et la publication du livre fait l’effet d’une bombe.
La première d’une longue série d’épisodes scabreux plus ou moins célèbres détaillés cette saison – le "tampongate" entre Charles et Camilla, la "revenge dress" de Diana, ou encore son interview polémique avec la BBC – et qui amènent inévitablement au divorce du couple. La saison introduit également le personnage important de Dodi Al-Fayed, l’amant de Diana mort avec elle dans l’accident de voiture du pont de l’Alma en 1997, mais ce drame mondial extrêmement sensible sera abordé dans la saison suivante.

Car la période couverte par cette saison 5 concerne en gros les années passées au pouvoir (1990-1997) par le Premier Ministre qui a succédé à Margaret Thatcher, le conservateur John Major. Ce dernier est aux premières loges pour assister à la lente explosion de la famille royale pendant cette décennie, puisque dès le premier épisode, un Charles calculateur et intrigant tente de le convaincre que sa mère devrait lui laisser la place, en raison de son impopularité croissante auprès des Britanniques.
Eh oui, il y a trente ans, l’image de la monarchie était au plus bas dans les sondages. Elizabeth II y est alors jugée vieillissante et de plus en plus déconnectée de la réalité, alors que le Royaume-Uni s’enfonce dans la crise économique. Un déclin illustré par la décrépitude du yacht royal Britannia, fierté de la reine à sa naissance en 1953, et désormais trop coûteux à entretenir.
Et alors que Charles trépigne d’impatience en attendant d’accéder au trône et de pouvoir épouser son grand amour Camilla Parker Bowles, le reste de la fratrie n’est pas au mieux non plus, puisque la décennie 1990 est aussi celle des divorces très médiatisés d’Anne et Andrew, ainsi que de l’incendie du château de Windsor, sans parler de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Bref, le navire amiral britannique prend l’eau de toute part, ce qui inspirera à la reine une expression célèbre pour qualifier cette période : annus horribilis (littéralement "année horrible").

Voilà pourquoi cette saison 5 de The Crown fait autant parler de l’autre côté de la Manche, où la mort récente de la reine exacerbe les sensibilités sur les événements de plus en plus récents que la série traite, au point d’obliger Netflix à afficher pour la première fois un bandeau précisant qu’il s’agit d’une fiction, quoique seulement pour la bande-annonce.
Mais vus de France, ces dix nouveaux épisodes de The Crown n’ont rien à envier aux précédents. La plus grande nouveauté vient évidemment du casting, renouvelé intégralement une deuxième et dernière fois, et où des choix pour le moins audacieux ont été réalisés. Imelda Staunton (Dolores Ombrage dans Harry Potter) a une tâche impossible en succédant à l’une des meilleures actrices du monde (Olivia Colman) dans le rôle principal, Jonathan Pryce (Game of Thrones) et Lesley Manville (Phantom Thread) prennent aussi courageusement la suite de Tobias Menzies et Helena Bonham Carter dans le rôle de Philip et Margaret respectivement, Dominic West (The Wire et The Affair) prête tout son charisme à Charles qui n’en nécessitait pas tant, Olivia Williams (Dollhouse et The Nevers) est excellente en Camilla, la lumineuse Natascha McElhone (Californication et Halo) fait quelques apparitions remarquées en Penelope Knatchbull et Jonny Lee Miller fait oublier ses débuts dans Trainspotting en se fondant très bien dans la peau de John Major.
Mais la vraie star de cette saison est incontestablement Elizabeth Debicki (The Night Manager, Les Veuves, Tenet), aussi grande par la taille que par le talent, et qui incarne une exceptionnelle Diana après la déjà remarquable Emma Corrin. Très précise dans son jeu, troublante de ressemblance voire quasiment mimétique, l’actrice australienne survole cette saison et devrait récolter quelques récompenses pour le rôle, en attendant de retrouver les mêmes têtes dans la sixième et dernière saison de The Crown, qui reste bien une des meilleures productions actuelles de Netflix.

The Crown saisons 1 à 5 sur Netflix, disponible avec CANAL+.